Cela faisait longtemps que Pocket n'avait pas édité un roman de l'univers Légendes (merci), et ce dernier a subi comme beaucoup de choses les affres du virus et du confinement. Après une sortie retardée, et un temps de notre part, voici enfin notre avis sur le roman Chevalier Errant.
D'abord, situons un peu l'histoire du livre, car c'est un point très important. Le roman fait partie d'une collaboration entre Del Rey et Dark Horse qui sortit une série de comics écrite également par John Jackson Miller. Le roman se situe entre le tome 1 et le tome 2 chez nous et il résume, vers le début, les événements ayant conduit Kerra Holt dans l'espace Sith, permettant à ceux n'ayant pas lu le comics de tout saisir, sans pour autant ennuyer les lecteurs assidus. Les tomes 2 et 3, sans vraiment les développer, reprennent des éléments et des références à ce roman. Mais dans le comics, cela ne gêne également absolument pas la lecture.
En bref : lire les deux permet de plus approfondir pour le lecteur, mais le roman se suffit à lui-même, ainsi que l'inverse. Du coup, pas de dépaysement.
Le roman est divisé en 3 parties :
- Le Daimanat
Centré sur Daiman, le Sith se prenant pour le créateur de l'univers, cette partie permet d'approfondir encore plus ce personnage, et son combat contre son frère Odion (qui manque hélas du même traitement que son frère). Elle éclipse presque l'histoire de Kerra dans l'Espace Sith, faisant de l'héroïne Jedi un personnage actif qui se laisse malgré elle porter.
Le cas Daiman amène le concept philosophique de solipsisme et le Sith le pousse à l'extrême. Bien que cela est une solution apportée au problème de manière Starwarsienne, le roman aurait pu se permettre de mieux développer ce concept, là l'auteur ne semble même pas envisager (à travers Daiman), les questions et solutions que la réflexion philosophique a apportées sur ce concept.
Ce sont les rebondissements lors de la bataille à la fin de cette partie qui conduise, avec mystère à la seconde.
- La Dyarchie
Partie plus courte, presque moins intéressante puisque dans ces conséquences et suspens elle ne sert seulement qu'à conduire à la troisième partie plus intéressante. Mais les péripéties de Kerra l'ont conduite dans la Dyarchie, un territoire Sith encore non développé qui permet de l'originalité. Les jumeaux dirigeants ont une approche dans la Force et la relation avec les autres qui est du jamais vu et qui est très différente de celle de Daiman et d'Odion. Ce qui a un petit côté rafraîchissant et permet l'évolution des protagonistes (Kerra en tête, mais également le spécialiste en artillerie et son équipage avec qui elle voyage bien malgré eux).
On peut également noter que le livre commence à se referrer à un bon nombre d'autres choses dans l'univers Star Wars, augmentant sa cohérence globale. Mais la mention d'Elcho Kressh fait s'interroger sur cette cohérence vis-à-vis de SWTOR et interpelle (sans poser de soucis essentiels, rassurez-vous).
- Arkadianat
Meilleure partie du roman selon moi (qui coiffe au poteau celle du Daimanant) est également la plus essentielle. On y découvre comme son nom l'indique un autre domaine et une autre Seigneur Sith, Arkadia Calimondra. La Sith parvient presque à convaincre Kerra que sa société est bonne et qu'elle serait la meilleure option possible. On en découvre plus sur l'ambiance de cette période et la guerre entre les différents Sith. Cet aspect, nous pouvons le dire familial, sera juste survolé dans les tomes 2 et 3 du comics, ce qui fait de cette partie une pièce maîtresse de l'ensemble pour bien comprendre tous les enjeux.
Le livre se permet ici une critique de la société de l'Arkadianat, et les points soulevés peuvent être mis en balance avec certaines choses que nous vivons dans notre société occidentale. Mais comme pour le solipsisme, c'est au lecteur d'y penser, le livre survole cela comme si de rien n'était.
Finalement, le roman nous donne l'impression qu'une personne tire plus ou moins les ficelles de tout ce qui se passe dans l'histoire et que tout se déroule selon ses plans. Sauf que, il n'y a rien après puisque la période (tout support confondu) laisse un goût inachevé. Le livre se livre comme une promesse d'une suite qui ne fera suite. De plus, un lecteur du comics (sorti chez nous bien avant le roman) sait déjà comment beaucoup de choses vont se terminer, et quels choix Kerra ne fera pas.
De ce fait, le roman ne change rien à la face de la galaxie et laisse l'état de la région des Sith dans un état similaire à ce qu'elle était au début du roman. Chevalier Errant est alors à rapprocher de Kenobi du même auteur. Il est agréable à lire, intéressant par moment, mais qui ne donne l'impression d'aucune évolution que l'histoire est presque une anecdote dispensable pour l'histoire galactique.
Pour résumer :
- Une histoire intéressante, approfondissant un pan de la culture Sith avant Dark Bane
- Des personnages attachants et surprenants parfois
- Un style agréable à lire
- Une cohérence avec la série de comics et le reste de l'univers
La découverte de ce roman Légendes fut un plaisir et nous gardons ainsi l'espoir que Pocket nous permet de nous y plonger encore avec la publication d'autres inédits de cet univers Légendes.